LITTLE BOB
Blues Bastards (2012)


Titles :
01 - Break Down The Walls (R.Piazza) 2.46
02 - Run You Off The Hill (Victor Brox & Aynsley Dunbar Retaliation) 4.08
03 - Evil (Is Goin' On) (Willie Dixon) 3.41
04 - Circumstances (Don Van Vliet) 3.36
05 - The Rain Song (Dirty Ray) 4.56
06 - I Wanna Be Free (Joe Tex) 3.36
07 - Feel Like A Bastard (R.Piazza) 3.17
08 - Nobody But You (Bonner – Bonarrigo) 2.27
09 - Mean Game (R.Piazza - R.Piazza/B.Couloume) 3.37
10 - Who's Been Talking (Howlin' Wolf) 3.48
11 - I Feel So Good (J.B.Lenoir) 2.44
12 - The Brokenhearted Boy (R.Piazza) 4.29
13 - Heartbreak Hotel (Axton - Durdan - Presley) 3.10
Musiciens :
Roberto Piazza aka Little Bob : Lead Vocals
Gilles Mallet : Electric guitar & vocals
Bertrand Couloume : Upright bass & vocals
Mickey Blow : Harp & vocals
Jérémie Piazza : Drums & percussions
Special Guest :
Nicolas Noël : Keyboards

Little Bob a décidé de créer une nouvelle entité pour donner libre cours à sa passion du blues, et il a appelé ça Little Bob Blues Bastards. Un album est sorti l'an dernier au titre de prime abord plutôt prometteur et libérateur, mais à l'écoute il se révèle d'une toute autre trempe. Foin d'un soul blues ligne claire et coulant gentiment, dans le style Robert Cray : le petit Robert nous propose ici au contraire un blues tendu, âpre, au son « sale », qui colle avec l'ambiance désespérée qui règne dans une partie de la société, celle dont il vient : une classe sociale modeste mais qui jadis aspirait à suivre le train de la classe moyenne et qui se retrouve aujourd'hui délaissée aux frontières de la pauvreté. Les titres parlent d'eux-mêmes : « Evil », « Feel Like A Bastard », « Mean Game », « The Brokenhearted Boy », « Heartbreak Hotel », tout ça ne respire pas la franche gaîté. On pourra rétorquer qu'il existe aussi « I Feel So Good », blues de facture classique plutôt bien envoyé, mais ce titre ne reflète pas l'ambiance du disque, assez lourde, sombre, où la Telecaster un peu spéciale de Gilles Mallet donne dans le registre agressif et où les paroles, qu'elles soient dues ou non à Little Bob (car ce disque est composé en majorité de reprises), chantent plutôt le malheur que la bonne santé. D'un autre côté, c'est quand même aussi du blues... On se doit d'avoir une dose de problèmes, de tragédies, de coups durs, non ? Mais quand même, l'inspiration de ce disque-là se situe dans le versant sombre de la Force.
Paradoxalement, ce noir tableau n'incite pas à la déprime ! Au contraire... Est-ce l'énergie des interprètes, le bonheur de se retrouver à jouer de la musique, comme pour exorciser ces temps troublés ? En tous cas, cette modeste galette tend à vous filer la banane, à vous regonfler en énergie, à vous inciter à vous battre, et elle contient quelques sommets réjouissants comme le blues lent « The Rain Song », où dès l'intro, Bertrand Couloume joue de l'archet au point où sa contrebasse sonne presque comme un mélancolique violoncelle, et où Mickey Blow livre un de ses meilleurs soli. On regrettera, mais c'est une question de goût, une batterie mixée trop en avant, en particulier une crash vraiment peu discrète. Le titre suivant, « I Wanna Be Free », bâti sur un riff rappelant irrésistiblement le tube de Sonny & Cher « The Beat Goes On », permet un réveil explosif à la guitare de Gilles Mallet dans un solo de première bourre soutenu cette fois-ci par une batterie au traitement plus subtil. L'invité Nicolas Noël, assez discret (mais avec raison) pour le torturé « Feel Like A Bastard », emmène au piano une entraînante version de « Nobody But You » avant ce qui constitue à mon avis une des réussites du disque, « Mean Game », originale composition crépusculaire introduite à la contrebasse, habitée par une guitare erratique et une batterie irrégulière, comme pour répercuter le déroulement boîteux de nos vies, et habillée d'un harmo parfaitement approprié. La dernière composition originale du disque, « The Brokenhearted Boy », nous fait regretter que les reprises soient aussi majoritaires, car ce blues douloureux, déchiré, nanti d'un solo de guitare simple mais bien senti, possède une réelle personnalité et se termine par un Bob qui sifflotte sa solitude sur fond d'harmonica. Superbe. L'album se clôt par la reprise de l'archi-connu « Heartbreak Hotel » qui colle là tout à fait avec l'âme torturée et désespérée d'un album plus combatif qu'il n'y paraît, un de ces albums qui invite à démolir les murs. Finalement, pas mal trouvé, ce titre...

Y. Philippot-Degand

 






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